Le Labdavanac : une rédaction 2.0 à l’intérieur d’un van

C’est une idée qui a commencé à germer dans sa tête il y a près de dix ans et c’est en octobre 2013 qu’elle a pu éclore. Cette idée, c’est celle de Damien Van Achter. Ce journaliste belge – bien que, techniquement, il ne le soit plus – passé par Belga, la RTBF, ou encore Owni.fr, a décidé de mettre en place une véritable newsroom dans un camion connecté et équipé. Le but ? Mener des enquêtes un peu partout dans le plat pays, aller à la rencontre des acteurs de l’information ; en bref, partir en expédition, le tout dans une rédaction 2.0 mobile.

camion

« Il y a environ dix ans, raconte Damien Van Achter, nous faisions beaucoup de podcafé avec les copains, à Bruxelles. C’est-à-dire que nous discutions sur plusieurs sujets, en général en lien avec la technologie, et nous nous enregistrions. On se disait que ce serait marrant d’aller de ville en ville et d’y faire des plateaux. Il y a peu, j’arrivais à la croisée des chemins… » Et il a décidé de le faire.

Les premiers podcafé (D. Van Achter, à g.). (flickr)

Les premiers podcafé (D. Van Achter, à d.). (flickr)

Damien Van Achter assume ce risque, et il le mesure. « Il est important de ne pas oublier que ce n’est pas juste une envie, il y a un fort objectif pédagogique en aval. Il est vrai que je voulais faire en sorte de prendre un risque entrepreneurial, mais il faut aussi trouver le bon modèle économique pour que cela fonctionne. »

Pour mettre en oeuvre son projet, il a dû, dans un premier temps, se payer un camion. « Pour le financer, j’ai quand même été obligé de vendre ma voiture et j’ai dû prendre un crédit sur cinq ans », rigole-t-il. Son coût : 40.000 euros.

La seconde étape, plus ardue, résidait dans le fait de transformer ce simple van en laboratoire journalistique. Il a ainsi fait appel au crownfunding afin de financer ses équipements. Mais pas seulement. « Le montant objectif de 3.500 euros ne me permettait d’acheter que les premiers équipements. Soumettre mon projet sur internet, c’était aussi une manière de valider l’attraction et de susciter l’intérêt pour que je puisse prendre la route le plus tôt possible. » Une curiosité qui aura contaminé 137 KissBankers et dont le montant recueilli aura largement dépassé les espérances (9.567 euros).

La newsroom mobile, pour quoi faire ?

Finalement, le van sera rapidement équipé de manière à pouvoir accueillir six personnes à l’arrière, tout en mettant un point d’honneur à ce que la prise de sons, de vidéos et que la connexion soit les meilleures possibles, avec, entre autres :
– une alimentation électrique 220 volts
– une connexion 3G/4G
– une installation audio
– trois caméras Gopro
– des laptopers (supports pour ordinateurs et tablettes)

L'installation résulte d'une volonté d'un tout-connecté. (labdavanac.me)

L’installation résulte d’une volonté d’un tout-connecté. (labdavanac.me)

1er octobre 2013. L’aventure peut enfin commencer.

À bord de son camion, il emmène les étudiant venant de l’IHECS de Bruxelles qu’il forme lors de ses ateliers masterclass afin de mener différentes enquêtes, telles que Fonctionnaires, tous planqués ? ou La vente directe aux consommateurs, ça marche !, à travers la Wallonie. « Ce qui est excitant, c’est que chaque expédition est différente. Il n’y a pas longtemps, nous avons longuement voyagé dans le but de faire un reportage sur les nouvelles manières de travailler dans le secteur de l’agriculture. Nous avons quasiment parcouru 1.000 km pour ce faire ! L’objectif c’est de faire vivre une aventure particulière aux étudiants [qui ressortent conquis par l’expérience] mais aussi aux personnes qui visionneront le sujet. »

Parmi ces expérimentations, Damien Van Achter a aussi tenté l’interview dans son van, avec l’aide de Google Glass et de caméras. La ministre de culture et de l’audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan, a ainsi été mise à contribution lors de cette exercice. Exercice durant lequel les internautes pouvaient interagir avec elle en direct.

  « Le futur n’a jamais été aussi excitant »

Lauréat de la bourse Boost-up 2013 de 40.000 euros, qui aide les entreprises innovantes disposant déjà d’un prototype à se développer, Damien Van Hachter ne se donne pas de limite. « Sur le long terme, on peut imaginer des escapades longues durées. Aujourd’hui, nous n’en sommes qu’au début, mais tout est possible à partir du moment où l’on rentre dans un modèle économique sain. »

Chaque vendredi, il tient une chronique en direct du Labdavanac dans l’émission Utopia sur la RTBF. Il y raconte les – nombreuses – expériences qu’il mène et ses impressions. Après près de 6 mois, le compteur du camion affiche déjà 17.000 km. « Mais le chiffre est un peu tronqué étant donné que c’est aussi ma voiture, je m’en sers pour amener mes enfants à l’école, pour aller chez des amis. Après, on peut dire que je suis un peu tout le temps (sic) en mission. »

Face à l’émergence du numérique dans le journalisme, il demeure très optimiste quant aux perspectives que cela offre. « Le futur n’a jamais été aussi excitant pour la profession, notamment avec les nouveaux outils qui s’offrent à nous. Concernant le van, c’est pareil, nous avons accès à une quantité incroyable de possibilités. »

En tout cas, il n’est pas le seul à croire fort en lui et son projet. En effet, Damien Van Achter fait partie du Top 50 des « twittos » belges spécialisés en nouvelles technologies d’après une étude Data News du 11 avril 2014, et reçoit même les louanges de personnes qui font figure de gourous dans le domaine…

Kévin Murgue

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